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acte III – Scène 13

CLÉONTE, COVIELLE.

COVIELLE: Vous avez fait de belles affaires avec vos beaux sentiments.

CLÉONTE: Que veux-tu? j'ai un scrupule là-dessus, que l'exemple ne
saurait vaincre.

COVIELLE: Vous moquez-vous, de le prendre
sérieusement avec un homme comme cela? Ne voyez-vous pas qu'il est fou?
et vous coûtait-il quelque chose de vous accommoder à ses
chimères?

CLÉONTE: Tu as raison; mais je ne croyais pas qu'il fallût
faire ses preuves de noblesse pour être gendre de Monsieur
Jourdain.

COVIELLE: Ah, ah, ah.

CLÉONTE: De quoi ris-tu?

COVIELLE: D'une pensée qui me vient pour jouer notre homme, et
vous faire obtenir ce que vous souhaitez.

CLÉONTE: Comment?

COVIELLE: L'idée est tout à fait plaisante.

CLÉONTE: Quoi donc?

COVIELLE: Il s'est fait depuis peu une certaine mascarade qui
vient le mieux du monde ici, et que je prétends faire entrer
dans une bourle que je veux faire à notre ridicule. Tout cela
sent un peu sa comédie; mais avec lui on peut hasarder toute
chose, il n'y faut point chercher tant de façons; il est homme
à y jouer son rôle à merveille, et à donner
aisément dans toutes les fariboles qu'on s'avisera de lui
dire. J'ai les acteurs, j'ai les habits tout prêts:
laissez-moi faire seulement.

CLÉONTE: Mais apprends-moi.

COVIELLE: Je vais vous instruire de tout. Retirons-nous, le
voilà qui revient.