CONTENIDOS 4ºMÚSICA
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Escrito por juanavictoria77 en . Publicado en Uncategorised.
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MONSIEUR JOURDAIN, DORIMÈNE, DORANTE, LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN, après avoir fait deux révérences, se
trouvant trop près de Dorimène: Un peu plus loin, Madame.
DORIMÈNE: Comment?
MONSIEUR JOURDAIN: Un pas, s'il vous plaît.
DORIMÈNE: Quoi donc?
MONSIEUR JOURDAIN: Reculez un peu, pour la troisième.
DORANTE: Madame, Monsieur Jourdain sait son monde.
MONSIEUR JOURDAIN: Madame, ce m'est une gloire bien grande de me
voir assez fortuné pour être si heureux que d'avoir le
bonheur que vous ayez eu la bonté de m'accorder la grâce de
me faire l'honneur de m'honorer de la faveur de votre
présence; et si j'avais aussi le mérite pour mériter un
mérite comme le vôtre, et que le Ciel. envieux de mon bien.
m'eût accordé… l'avantage de me voir digne… des…
DORANTE: Monsieur Jourdain, en voilà assez: Madame n'aime pas
les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme
d'esprit. (Bas, à Dorimène.) C'est un bon bourgeois assez
ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manières.
DORIMÈNE: Il n'est pas malaisé de s'en apercevoir.
DORANTE: Madame, voilà le meilleur de mes amis.
MONSIEUR JOURDAIN: C'est trop d'honneur que vous me faites.
DORANTE: Galant homme tout à fait.
DORIMÈNE: J'ai beaucoup d'estime pour lui.
MONSIEUR JOURDAIN: Je n'ai rien fait encore, Madame, pour
mériter cette grâce.
DORANTE, bas, à M. Jourdain: Prenez bien garde au moins à
ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné.
MONSIEUR JOURDAIN: Ne pourrais-je pas seulement lui demander
comment elle le trouve?
DORANTE: Comment? gardez-vous-en bien: cela serait vilain à
vous; et pour agir en galant homme, il faut que vous fassiez
comme si ce n'était pas vous qui lui eussiez fait ce
présent. Monsieur Jourdain, Madame, dit qu'il est ravi de vous
voir chez lui.
DORIMÈNE: Il m'honore beaucoup.
MONSIEUR JOURDAIN: Que je vous suis obligé, Monsieur, de lui
parler ainsi pour moi!
DORANTE: J'ai eu une peine effroyable à la faire venir ici.
MONSIEUR JOURDAIN: Je ne sais quelles grâces vous en rendre.
DORANTE: Il dit, Madame, qu'il vous trouve la plus belle personne du monde.
DORIMÈNE: C'est bien de la grâce qu'il me fait.
MONSIEUR JOURDAIN: Madame, c'est vous qui faites les grâces; et…
DORANTE: Songeons à manger.
LAQUAIS: Tout est prêt, Monsieur.
DORANTE: Allons donc nous mettre à table, et qu'on fasse venir
les musiciens.
Six cuisiniers, qui ont préparé le festin, dansent
ensemble, et font le troisième intermède; après quoi,
ils apportent une table couverte de plusieurs mets.
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DORIMÈNE, DORANTE, LAQUAIS.
LAQUAIS: Monsieur dit comme cela qu'il va venir ici tout à
l'heure.
DORANTE: Voilà qui est bien.
DORIMÈNE: Je ne
sais pas, Dorante, je fais encore ici une étrange démarche, de me
laisser amener par vous dans une maison où je ne connais personne.
DORANTE: Quel lieu voulez-vous donc, Madame, que mon amour
choisisse pour vous régaler, puisque, pour fuir l'éclat,
vous ne voulez ni votre maison, ni la mienne?
DORIMÈNE: Mais vous ne dites pas que je m'engage
insensiblement, chaque jour, à recevoir de trop grands
témoignages de votre passion! J'ai beau me défendre des
choses, vous fatiguez ma résistance, et vous avez une civile
opiniâtreté qui me fait venir doucement à tout ce qu'il
vous plaît. Les visites fréquentes ont commencé; les
déclarations sont venues ensuite, qui après elles ont
traîné les sérénades et les cadeaux, que les
présents ont suivis. Je me suis opposée à tout cela,
mais vous ne vous rebutez point, et, pied à pied, vous gagnez
mes résolutions. Pour moi, je ne puis plus répondre de
rien, et je crois qu'à la fin vous me ferez venir au mariage,
dont je me suis tant éloignée.
DORANTE: Ma foi! Madame, vous y devriez déjà être. Vous
êtes veuve, et ne dépendez que de vous. Je suis maître
de moi, et vous aime plus que ma vie. à quoi tient-il que
dès aujourd'hui vous ne fassiez tout mon bonheur?
DORIMÈNE: Mon Dieu! Dorante, il faut des deux parts bien des
qualités pour vivre heureusement ensemble; et les deux plus
raisonnables personnes du monde ont souvent peine à composer
une union dont ils soient satisfaits.
DORANTE: Vous vous moquez, Madame, de vous y figurer tant de
difficultés; et l'expérience que vous avez faite ne conclut
rien pour tous les autres.
DORIMÈNE: Enfin j'en reviens toujours là: les dépenses
que je vous vois faire pour moi m'inquiètent par deux raisons:
l'une, qu'elles m'engagent plus que je ne voudrais; et l'autre,
que je suis sûre, sans vous déplaire, que vous ne les
faites point que vous ne vous incommodiez; et je ne veux point cela.
DORANTE: Ah! Madame, ce sont des bagatelles; et ce n'est pas par là.
DORIMÈNE: Je sais ce que je dis; et, entre autres, le diamant
que vous m'avez forcée à prendre est d'un prix.
DORANTE: Eh! Madame, de grâce, ne faites point tant valoir une
chose que mon amour trouve indigne de vous; et souffrez. Voici le
maître du logis.
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MONSIEUR JOURDAIN, LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN: Que diable est-ce là! ils n'ont rien que les
grands seigneurs à me reprocher; et moi, je ne vois rien de si beau que
de hanter les grands seigneurs: il n'y a qu'honneur et que civilité avec
eux, et je voudrais qu'il m'eût coûté deux doigts de la main,
et être né comte ou marquis.
LAQUAIS: Monsieur, voici
Monsieur le Comte, et une dame qu'il mène par la main.
MONSIEUR
JOURDAIN: Hé mon Dieu! j'ai quelques ordres à donner. Dis-leur que
je vais venir ici tout à l'heure.
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CLÉONTE, COVIELLE.
COVIELLE: Vous avez fait de belles affaires avec vos beaux sentiments.
CLÉONTE: Que veux-tu? j'ai un scrupule là-dessus, que l'exemple ne
saurait vaincre.
COVIELLE: Vous moquez-vous, de le prendre
sérieusement avec un homme comme cela? Ne voyez-vous pas qu'il est fou?
et vous coûtait-il quelque chose de vous accommoder à ses
chimères?
CLÉONTE: Tu as raison; mais je ne croyais pas qu'il fallût
faire ses preuves de noblesse pour être gendre de Monsieur
Jourdain.
COVIELLE: Ah, ah, ah.
CLÉONTE: De quoi ris-tu?
COVIELLE: D'une pensée qui me vient pour jouer notre homme, et
vous faire obtenir ce que vous souhaitez.
CLÉONTE: Comment?
COVIELLE: L'idée est tout à fait plaisante.
CLÉONTE: Quoi donc?
COVIELLE: Il s'est fait depuis peu une certaine mascarade qui
vient le mieux du monde ici, et que je prétends faire entrer
dans une bourle que je veux faire à notre ridicule. Tout cela
sent un peu sa comédie; mais avec lui on peut hasarder toute
chose, il n'y faut point chercher tant de façons; il est homme
à y jouer son rôle à merveille, et à donner
aisément dans toutes les fariboles qu'on s'avisera de lui
dire. J'ai les acteurs, j'ai les habits tout prêts:
laissez-moi faire seulement.
CLÉONTE: Mais apprends-moi.
COVIELLE: Je vais vous instruire de tout. Retirons-nous, le
voilà qui revient.