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acte II – Scène 4

MAÎTRE de philosophie,
monsieur Jourdain.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE, en raccommodant son
collet: Venons à notre leçon.

MONSIEUR JOURDAIN: Ah! Monsieur, je suis fâché des coups
qu'ils vous ont donnés.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Cela n'est rien. Un philosophe sait
recevoir comme il faut les choses, et je vais composer contre eux
une satire du style de Juvénal, qui les déchirera de la
belle façon. Laissons cela. Que voulez-vous apprendre?

MONSIEUR JOURDAIN: Tout ce que je pourrai, car j'ai toutes les
envies du monde d'être savant; et j'enrage que mon père et
ma mère ne m'aient pas fait bien étudier dans toutes les
sciences, quand j'étais jeune.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Ce sentiment est raisonnable: nam sine
doctrina vita est quasi mortis imago. Vous entendez cela, et vous
savez le latin sans doute.

MONSIEUR JOURDAIN: Oui, mais faites comme si je ne le savais pas:
expliquez-moi ce que cela veut dire.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Cela veut dire que sans la science, la
vie est presque une image de la mort.

MONSIEUR JOURDAIN: Ce latin-là a raison.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: N'avez-vous point quelques principes,
quelques commencements des sciences?

MONSIEUR JOURDAIN: Oh! oui, je sais lire et écrire.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Par où vous plaît-il que nous
commencions? Voulez-vous que je vous apprenne la logique?

MONSIEUR JOURDAIN: Qu'est-ce que c'est que cette logique?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: C'est elle qui enseigne les trois
opérations de l'esprit.

MONSIEUR JOURDAIN: Qui sont-elles, ces trois opérations de l'esprit?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La première, la seconde, et la
troisième. La première est de bien concevoir par le moyen
des universaux. La seconde, de bien juger par le moyen des
catégories; et la troisième, de bien tirer une
conséquence par le moyen des figures barbara, celarent, darii,
ferio, baralipton, etc.

MONSIEUR JOURDAIN: Voilà des mots qui sont trop
rébarbatifs. Cette logique-là ne me revient point.
Apprenons autre chose qui soit plus joli.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Voulez-vous apprendre la morale?

MONSIEUR JOURDAIN: La morale?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Oui.

MONSIEUR JOURDAIN: Qu'est-ce qu'elle dit cette morale?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Elle traite de la félicité,
enseigne aux hommes à modérer leurs passions, et…

MONSIEUR JOURDAIN: Non, laissons cela. Je suis bilieux comme tous
les diables; et il n'y a morale qui tienne, je me veux mettre en
colère tout mon soûl, quand il m'en prend envie.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Est-ce la physique que vous voulez apprendre?

MONSIEUR JOURDAIN: Qu'est-ce qu'elle chante cette physique?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La physique est celle qui explique les
principes des choses naturelles, et les propriétés du
corps; qui discourt de la nature des éléments, des
métaux, des minéraux, des pierres, des plantes et des
animaux, et nous enseigne les causes de tous les météores,
l'arc-en-ciel, les feux volants, les comètes, les éclairs,
le tonnerre, la foudre, la pluie, la neige, la grêle, les
vents et les tourbillons.

MONSIEUR JOURDAIN: Il y a trop de tintamarre là dedans, trop
de brouillamini.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Que voulez-vous donc que je vous apprenne?

MONSIEUR JOURDAIN: Apprenez-moi l'orthographe.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Très volontiers.

MONSIEUR JOURDAIN: Après vous m'apprendrez l'almanach, pour
savoir quand il y a de la lune et quand il n'y en a point.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Soit. Pour bien suivre votre pensée
et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer
selon l'ordre des choses, par une exacte connaissance de la
nature des lettres, et de la différente manière de les
prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous dire que les
lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce
qu'elles expriment les voix; et en consonnes, ainsi appelées
consonnes parce qu'elles sonnent avec les voyelles, et ne font
que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq
voyelles ou voix: a, e, i, o, u.

MONSIEUR JOURDAIN: J'entends tout cela.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La voix A se forme en ouvrant fort la bouche: A.

MONSIEUR JOURDAIN: A, A. Oui.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La voix E se forme en rapprochant la
mâchoire d'en bas de celle d'en haut: A, E.

MONSIEUR JOURDAIN: A, E, A, E. Ma foi! oui. Ah! que cela est beau!

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Et la voix I en rapprochant encore
davantage les mâchoires l'une de l'autre, et écartant les
deux coins de la bouche vers les oreilles: A, E, I.

MONSIEUR JOURDAIN: A, e, i, i, i, i. Cela est vrai. Vive la science!

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La voix o se forme en rouvrant les
mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le
haut et le bas: o.

MONSIEUR JOURDAIN: O, o. Il n'y a rien de plus juste. A, e, i, o,
i, o. Cela est admirable! I, o, i, o.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: L'ouverture de la bouche fait justement
comme un petit rond qui représente un o.

MONSIEUR JOURDAIN: O, o, o. Vous avez raison, o. Ah! la belle
chose, que de savoir quelque chose!

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: La voix u se forme en rapprochant les
dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux
lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans
les rejoindre tout à fait: u.

MONSIEUR JOURDAIN: U, u. Il n'y a rien de plus véritable: u.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Vos deux lèvres s'allongent comme si
vous faisiez la moue: d'où vient que si vous la voulez faire
à quelqu'un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que: u.

MONSIEUR JOURDAIN: U, u. Cela est vrai. Ah! que n'ai-je
étudié plus tôt, pour savoir tout cela?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Demain, nous verrons les autres
lettres, qui sont les consonnes.

MONSIEUR JOURDAIN: Est-ce qu'il y a des choses aussi curieuses
qu'à celles-ci?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Sans doute. La consonne D, par exemple,
se prononce en donnant du bout de la langue au-dessus des dents
d'en haut: da.

MONSIEUR JOURDAIN: Da, da. Oui. Ah! les belles choses! les belles choses!

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: L'F en appuyant les dents d'en haut sur
la lèvre de dessous: fa.

MONSIEUR JOURDAIN: Fa, fa. C'est la vérité. Ah! mon père
et ma mère, que je vous veux de mal!

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Et l'r, en portant le bout de la langue
jusqu'au haut du palais, de sorte qu'étant frôlée par
l'air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours
au même endroit, faisant une manière de tremblement: rra.

MONSIEUR JOURDAIN: R, r, ra; r, r, r, r, r, ra. Cela est vrai.
Ah! l'habile homme que vous êtes! et que j'ai perdu de temps!
R, r, r, ra.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Je vous expliquerai à fond toutes
ces curiosités.

MONSIEUR JOURDAIN: Je vous en prie. Au reste, il faut que je vous
fasse une confidence. Je suis amoureux d'une personne de grande
qualité, et je souhaiterais que vous m'aidassiez à lui
écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser
tomber à ses pieds.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Fort bien.

MONSIEUR JOURDAIN: Cela sera galant, oui.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Sans doute. Sont-ce des vers que vous
lui voulez écrire?

MONSIEUR JOURDAIN: Non, non, point de vers.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Vous ne voulez que de la prose?

MONSIEUR JOURDAIN: Non, je ne veux ni prose ni vers.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Il faut bien que ce soit l'un, ou l'autre.

MONSIEUR JOURDAIN: Pourquoi?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Par la raison, Monsieur, qu'il n'y a
pour s'exprimer que la prose, ou les vers.

MONSIEUR JOURDAIN: Il n'y a que la prose ou les vers?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Non, Monsieur: tout ce qui n'est point
prose est vers; et tout ce qui n'est point vers est prose.

MONSIEUR JOURDAIN: Et comme l'on parle qu'est-ce que c'est donc que cela?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: De la prose.

MONSIEUR JOURDAIN: Quoi? quand je dis: "Nicole, apportez-moi
mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit" , c'est de la prose?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Oui, Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN: Par ma foi! il y a plus de quarante ans que je
dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus
obligé du monde de m'avoir appris cela. Je voudrais donc lui
mettre dans un billet: Belle Marquise, vos beaux yeux me font
mourir d'amour; mais je voudrais que cela fût mis d'une
manière galante, que cela fût tourné gentiment.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Mettre que les feux de ses yeux
réduisent votre cœur en cendres; que vous souffrez nuit et
jour pour elle les violences d'un.

MONSIEUR JOURDAIN: Non, non, non, je ne veux point tout cela; je
ne veux que ce que je vous ai dit: Belle Marquise, vos beaux yeux
me font mourir d'amour.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Il faut bien étendre un peu la chose.

MONSIEUR JOURDAIN: Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules
paroles-là dans le billet; mais tournées à la mode; bien
arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu, pour
voir, les diverses manières dont on les peut mettre.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: On les peut mettre premièrement
comme vous avez dit: Belle Marquise, vos beaux yeux me font
mourir d'amour. Ou bien: D'amour mourir me font, belle Marquise,
vos beaux yeux. Ou bien: Vos yeux beaux d'amour me font, belle
Marquise, mourir. Ou bien: Mourir vos beaux yeux, belle Marquise,
d'amour me font. Ou bien: Me font vos yeux beaux mourir, belle
Marquise, d'amour.

MONSIEUR JOURDAIN: Mais de toutes ces façons-là, laquelle
est la meilleure?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Celle que vous avez dite: Belle
Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.

MONSIEUR JOURDAIN: Cependant je n'ai point étudié, et j'ai
fait cela tout du premier coup. Je vous remercie de tout mon
cœur, et vous prie de venir demain de bonne heure.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Je n'y manquerai pas.

MONSIEUR JOURDAIN: Comment? mon habit n'est point encore arrivé?

SECOND LAQUAIS: Non, Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN: Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour
un jour où j'ai tant d'affaires. J'enrage. Que la fièvre
quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur! Au
diable le tailleur! La peste étouffe le tailleur! Si je le
tenais maintenant, ce tailleur détestable, ce chien de
tailleur-là, ce traître de tailleur, je…

acte II – Scène 2

MAÎTRE D'ARMES, MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE à DANSER,
MONSIEUR JOURDAIN, DEUX LAQUAIS.

MAÎTRE D'ARMES, après lui avoir mis le fleuret à la
main: Allons, Monsieur, la révérence. Votre corps droit. Un
peu penché sur la cuisse gauche. Les jambes point tant
écartées. Vos pieds sur une même ligne. Votre poignet
à l'opposite de votre hanche. La pointe de votre épée
vis-à-vis de votre épaule. Le bras pas tout à fait si
étendu. La main gauche à la hauteur de l'œil. L'épaule
gauche plus quartée. La tête droite. Le regard assuré.
Avancez! Le corps ferme. Touchez-moi l'épée de quarte, et
achevez de même! Une, deux. Remettez-vous! Redoublez de pied
ferme! Une, deux. Un saut en arrière. Quand vous portez la
botte, Monsieur, il faut que l'épée parte la première,
et que le corps soit bien effacé. Une, deux. Allons,
touchez-moi l'épée de tierce, et achevez de même.
Avancez. Le corps ferme. Avancez. Partez de là. Une, deux.
Remettez-vous. Redoublez. Une, deux. Un saut en arrière. En
garde, Monsieur, en garde.

Le Maître d'armes lui pousse deux ou trois bottes, en lui
disant: "En garde" .

MONSIEUR JOURDAIN: Euh?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Vous faites des merveilles.

MAÎTRE D'ARMES: Je vous l'ai déjà dit, tout le secret
des armes ne consiste qu'en deux choses, à donner, et à ne
point recevoir; et comme je vous fis voir l'autre jour par raison
démonstrative, il est impossible que vous receviez, si vous
savez détourner l'épée de votre ennemi de la ligne de
votre corps: ce qui ne dépend seulement que d'un petit
mouvement du poignet ou en dedans, ou en dehors.

MONSIEUR JOURDAIN: De cette façon donc, un homme, sans avoir
du cœur, est sûr de tuer son homme, et de n'être point
tué.

MAÎTRE D'ARMES: Sans doute. N'en vîtes-vous pas la
démonstration?

MONSIEUR JOURDAIN: Oui.

MAÎTRE D'ARMES: Et c'est en quoi l'on voit de quelle
considération nous autres nous devons être dans un état,
et combien la science des armes l'emporte hautement sur toutes
les autres sciences inutiles, comme la danse, la musique, la.

MAÎTRE à DANSER: Tout beau, Monsieur le tireur d'armes: ne
parlez de la danse qu'avec respect.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Apprenez, je vous prie, à mieux traiter
l'excellence de la musique.

MAÎTRE D'ARMES: Vous êtes de plaisantes gens, de vouloir
comparer vos sciences à la mienne!

MAÎTRE DE MUSIQUE: Voyez un peu l'homme d'importance!

MAÎTRE à DANSER: Voilà un plaisant animal, avec son
plastron!

MAÎTRE D'ARMES: Mon petit maître à danser, je vous
ferais danser comme il faut. Et vous, mon petit musicien, je vous
ferais chanter de la belle manière.

MAÎTRE à DANSER: Monsieur le batteur de fer, je vous
apprendrai votre métier.

MONSIEUR JOURDAIN, au Maître à danser: ètes-vous fou de
l'aller quereller, lui qui entend la tierce et la quarte, et qui
sait tuer un homme par raison démonstrative?

MAÎTRE à DANSER: Je me moque de sa raison démonstrative,
et de sa tierce et de sa quarte.

MONSIEUR JOURDAIN: Tout doux, vous dis-je.

MAÎTRE D'ARMES: Comment? petit impertinent.

MONSIEUR JOURDAIN: Eh! mon Maître d'armes!

MAÎTRE à DANSER: Comment? grand cheval de carrosse.

MONSIEUR JOURDAIN: Eh! mon Maître à danser.

MAÎTRE D'ARMES: Si je me jette sur vous.

MONSIEUR JOURDAIN: Doucement!

MAÎTRE à DANSER: Si je mets sur vous la main.

MONSIEUR JOURDAIN: Tout beau!

MAÎTRE D'ARMES: Je vous étrillerai d'un air.

MONSIEUR JOURDAIN: De grâce!

MAÎTRE à DANSER: Je vous rosserai d'une manière.

MONSIEUR JOURDAIN: Je vous prie!

MAÎTRE DE MUSIQUE: Laissez-nous un peu lui apprendre à parler.

MONSIEUR JOURDAIN: Mon Dieu! arrêtez-vous.

acte II – Scène 3

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE, MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE à
DANSER, MAÎTRE D'ARMES, MONSIEUR JOURDAIN, LAQUAIS.

MONSIEUR JOURDAIN: Holà, Monsieur le philosophe, vous arrivez
tout à propos avec votre philosophie. Venez un peu mettre la
paix entre ces personnes-ci.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Qu'est-ce donc? qu'y a-t-il, Messieurs?

MONSIEUR JOURDAIN: Ils se sont mis en colère pour la
préférence de leurs professions, jusqu'à se dire des
injures, et en vouloir venir aux mains.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Hé quoi? Messieurs, faut-il
s'emporter de la sorte? et n'avez-vous point lu le docte
traité que Sénèque a composé de la colère? Y
a-t-il rien de plus bas et de plus honteux que cette passion, qui
fait d'un homme une bête féroce? et la raison ne doit-elle
pas être maîtresse de tous nos mouvements?

MAÎTRE à DANSER: Comment, Monsieur, il vient nous dire des
injures à tous deux, en méprisant la danse que j'exerce, et
la musique dont il fait profession?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Un homme sage est au-dessus de toutes
les injures qu'on lui peut dire, et la grande réponse qu'on
doit faire aux outrages, c'est la modération et la patience.

MAÎTRE D'ARMES: Ils ont tous deux l'audace de vouloir comparer
leurs professions à la mienne.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Faut-il que cela vous émeuve? Ce
n'est pas de vaine gloire et de condition que les hommes doivent
disputer entre eux; et ce qui nous distingue parfaitement les uns
des autres, c'est la sagesse et la vertu.

MAÎTRE à DANSER: Je lui soutiens que la danse est une
science à laquelle on ne peut faire assez d'honneur.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Et moi, que la musique en est une que tous
les siècles ont révérée.

MAÎTRE D'ARMES: Et moi, je leur soutiens à tous deux que la
science de tirer des armes est la plus belle et la plus
nécessaire de toutes les sciences.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Et que sera donc la philosophie? Je
vous trouve tous trois bien impertinents de parler devant moi
avec cette arrogance, et de donner impudemment le nom de science
à des choses que l'on ne doit pas même honorer du nom
d'art, et qui ne peuvent être comprises que sous le nom de
métier misérable de gladiateur, de chanteur, et de baladin!

MAÎTRE D'ARMES: Allez! philosophe de chien.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Allez! belître de pédant.

MAÎTRE à DANSER: Allez! cuistre fieffé.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Comment? marauds que vous êtes.
Le philosophe se jette sur eux, et tous trois le chargent de
coups, et sortent en se battant.

MONSIEUR JOURDAIN: Monsieur le philosophe.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Infâmes! coquins! insolents!

MONSIEUR JOURDAIN: Monsieur le philosophe.

MAÎTRE D'ARMES: La peste l'animal!

MONSIEUR JOURDAIN: Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Impudents!

MONSIEUR JOURDAIN: Monsieur le philosophe.

MAÎTRE à DANSER: Diantre soit de l'âne bâté!

MONSIEUR JOURDAIN: Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Scélérats!

MONSIEUR JOURDAIN: Monsieur le philosophe.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Au diable l'impertinent!

MONSIEUR JOURDAIN: Messieurs.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Fripons! gueux! traîtres! imposteurs!
Ils sortent.

MONSIEUR JOURDAIN: Monsieur le Philosophe, Messieurs, Monsieur le
Philosophe, Messieurs, Monsieur le Philosophe. Oh! battez-vous
tant qu'il vous plaira: je n'y saurais que faire, et je n'irai
pas gâter ma robe pour vous séparer. Je serais bien fou de
m'aller fourrer parmi eux, pour recevoir quelque coup qui me
ferait mal.

acte II – Scène 1

MONSIEUR
JOURDAIN, MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE à DANSER, LAQUAIS.

MONSIEUR JOURDAIN: Voilà qui n'est point sot, et ces gens-là se
trémoussent bien.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Lorsque la danse sera mêlée avec la
musique, cela fera plus d'effet encore, et vous verrez quelque
chose de galant dans le petit ballet que nous avons ajusté pour vous.

MONSIEUR JOURDAIN: C'est pour tantôt au moins; et la personne
pour qui j'ai fait faire tout cela, me doit faire l'honneur de
venir dîner céans.

MAÎTRE à DANSER: Tout est prêt.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Au reste, Monsieur, ce n'est pas assez: il
faut qu'une personne comme vous, qui êtes magnifique, et qui
avez de l'inclination pour les belles choses, ait un concert de
musique chez soi tous les mercredis ou tous les jeudis.

MONSIEUR JOURDAIN: Est-ce que les gens de qualité en ont?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Oui, Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN: J'en aurai donc. Cela sera-t-il beau?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Sans doute. Il vous faudra trois voix: un
dessus, une haute-contre, et une basse, qui seront
accompagnées d'une basse de viole, d'un théorbe, et d'un
clavecin pour les basses continues, avec deux dessus de violon
pour jouer les ritornelles.

MONSIEUR JOURDAIN: Il y faudra mettre aussi une trompette marine.
La trompette marine est un instrument qui me plaît, et qui est
harmonieux.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Laissez-nous gouverner les choses.

MONSIEUR JOURDAIN: Au moins n'oubliez pas tantôt de m'envoyer
des musiciens, pour chanter à table.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Vous aurez tout ce qu'il vous faut.

MONSIEUR JOURDAIN: Mais surtout, que le ballet soit beau.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Vous en serez content, et, entre autres
choses, de certains menuets que vous y verrez.

MONSIEUR JOURDAIN: Ah! les menuets sont ma danse, et je veux que
vous me les voyiez danser. Allons, mon maître.

MAÎTRE à DANSER: Un chapeau, Monsieur, s'il vous plaît.
La, la, la; la, la, la, la, la, la; la, la, la, bis; la, la, la;
la, la. En cadence, s'il vous plaît. La, la, la, la. La jambe
droite. La, la, la. Ne remuez point tant les épaules. La, la,
la, la, la; la, la, la, la, la. Vos deux bras sont estropiés.
La, la, la, la, la. Haussez la tête. Tournez la pointe du pied
en dehors. La, la, la. Dressez votre corps.

MONSIEUR JOURDAIN: Euh?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Voilà qui est le mieux du monde.

MONSIEUR JOURDAIN: à propos. Apprenez-moi comme il faut faire
une révérence pour saluer une marquise: j'en aurai besoin
tantôt.

MAÎTRE à DANSER: Une révérence pour saluer une marquise?

MONSIEUR JOURDAIN: Oui: une marquise qui s'appelle Dorimène.

MAÎTRE à DANSER: Donnez-moi la main.

MONSIEUR JOURDAIN: Non. Vous n'avez qu'à faire: je le retiendrai bien.

MAÎTRE à DANSER: Si vous voulez la saluer avec beaucoup de
respect, il faut faire d'abord une révérence en arrière,
puis marcher vers elle avec trois révérences en avant, et
à la dernière vous baisser jusqu'à ses genoux.

MONSIEUR JOURDAIN: Faites un peu. Bon.

PREMIER LAQUAIS: Monsieur, voilà votre maître d'armes qui
est là.

MONSIEUR JOURDAIN: Dis-lui qu'il entre ici pour me donner
leçon. Je veux que vous me voyiez faire.

acte I – Scène 2

Scène
II

MONSIEUR JOURDAIN, DEUX LAQUAIS, MAÎTRE DE MUSIQUE, MAÎTRE
à DANSER, VIOLONS, MUSICIENS ET DANSEURS.

MONSIEUR
JOURDAIN: Hé bien, Messieurs? Qu'est-ce? me ferez-vous voir
votre petite drôlerie?

MAÎTRE à DANSER:
Comment? quelle petite drôlerie?

MONSIEUR JOURDAIN: Eh
la. comment appelez-vous cela? Votre prologue ou dialogue de chansons
et de danse.

MAÎTRE à DANSER: Ah, ah!

MAÎTRE
DE MUSIQUE: Vous nous y voyez préparés.

MONSIEUR
JOURDAIN: Je vous ai fait un peu attendre, mais c'est que je me fais
habiller aujourd'hui comme les gens de qualité; et mon
tailleur m'a envoyé des bas de soie que j'ai pensé ne
mettre jamais.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Nous ne sommes ici que
pour attendre votre loisir.

MONSIEUR JOURDAIN: Je vous prie
tous deux de ne vous point en aller, qu'on ne m'ait apporté
mon habit, afin que vous me puissiez voir.

MAÎTRE à
DANSER: Tout ce qu'il vous plaira.

MONSIEUR JOURDAIN: Vous me
verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu'à
la tête.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Nous n'en doutons
point.

MONSIEUR JOURDAIN: Je me suis fait faire cette
indienne-ci.

MAÎTRE à DANSER: Elle est fort
belle.

MONSIEUR JOURDAIN: Mon tailleur m'a dit que les gens de
qualité étaient comme cela le matin.

MAÎTRE
DE MUSIQUE: Cela vous sied à merveille.

MONSIEUR
JOURDAIN: Laquais! holà, mes deux laquais!

PREMIER
LAQUAIS: Que voulez-vous, Monsieur?

MONSIEUR JOURDAIN: Rien.
C'est pour voir si vous m'entendez bien. (Aux deux maîtres.)
Que dites-vous de mes livrées?

MAÎTRE à
DANSER: Elles sont magnifiques.

MONSIEUR JOURDAIN. Il
entr'ouvre sa robe, et fait voir un haut-de-chausses étroit de
velours rouge, et une camisole de velours vert, dont il est vêtu:
Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin
mes exercices.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Il est
galant.

MONSIEUR JOURDAIN: Laquais!

PREMIER LAQUAIS:
Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN: L'autre laquais!

SECOND
LAQUAIS: Monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN: Tenez ma robe. Me
trouvez-vous bien comme cela?

MAÎTRE à DANSER:
Fort bien. On ne peut pas mieux.

MONSIEUR JOURDAIN: Voyons un
peu votre affaire.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Je voudrais bien
auparavant vous faire entendre un air qu'il vient de composer pour la
sérénade que vous m'avez demandée. C'est un de
mes écoliers, qui a pour ces sortes de choses un talent
admirable.

MONSIEUR JOURDAIN: Oui, mais il ne fallait pas
faire faire cela par un écolier, et vous n'étiez pas
trop bon vous-même pour cette besogne-là.

MAÎTRE
DE MUSIQUE: Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d'écolier
vous abuse. Ces sortes d'écoliers en savent autant que les
plus grands maîtres, et l'air est aussi beau qu'il s'en puisse
faire. Écoutez seulement.

MONSIEUR JOURDAIN: Donnez-moi
ma robe pour mieux entendre. Attendez, je crois que je serai mieux
sans robe. Non; redonnez-la-moi, cela ira mieux.

MUSICIEN,
chantant:

Je languis nuit et jour, et mon mal est
extrême,
Depuis qu'à vos rigueurs vos beaux yeux
m'ont soumis;
Si vous traitez ainsi, belle Iris, qui vous
aime,
Hélas! que pourriez-vous faire à vos
ennemis?

MONSIEUR JOURDAIN: Cette chanson me semble un peu
lugubre, elle endort; je voudrais que vous la pussiez un peu
ragaillardir par-ci, par-là.

MAÎTRE DE MUSIQUE:
Il faut, Monsieur, que l'air soit accommodé aux
paroles.

MONSIEUR JOURDAIN: On m'en apprit un tout à
fait joli, il y a quelque temps. Attendez. Là. comment est-ce
qu'il dit?

MAÎTRE à DANSER: Par ma foi! je ne
sais.

MONSIEUR JOURDAIN: Il y a du mouton dedans.

MAÎTRE
à DANSER: Du mouton?

MONSIEUR JOURDAIN: Oui.
Ah!
Monsieur Jourdain chante.

Je croyais Janneton
Aussi
douce que belle,
Je croyais Janneton
Plus douce qu'un
mouton:
Hélas! hélas! elle est cent fois,
Mille
fois plus cruelle,
Que n'est le tigre aux bois.

N'est-il
pas joli?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Le plus joli du
monde.

MAÎTRE à DANSER: Et vous le chantez
bien.

MONSIEUR JOURDAIN: C'est sans avoir appris la
musique.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Vous devriez l'apprendre,
Monsieur, comme vous faites la danse. Ce sont deux arts qui ont une
étroite liaison ensemble.

MAÎTRE à DANSER:
Et qui ouvrent l'esprit d'un homme aux belles choses.

MONSIEUR
JOURDAIN: Est-ce que les gens de qualité apprennent aussi la
musique?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Oui, Monsieur.

MONSIEUR
JOURDAIN: Je l'apprendrai donc. Mais je ne sais quel temps je pourrai
prendre; car, outre le Maître d'armes qui me montre, j'ai
arrêté encore un Maître de philosophie, qui doit
commencer ce matin.

MAÎTRE DE MUSIQUE: La philosophie
est quelque chose; mais la musique, Monsieur, la musique.

MAÎTRE
à DANSER: La musique et la danse. La musique et la danse,
c'est là tout ce qu'il faut.

MAÎTRE DE MUSIQUE:
Il n'y a rien qui soit si utile dans un état que la
musique.

MAÎTRE à DANSER: Il n'y a rien qui soit
si nécessaire aux hommes que la danse.

MAÎTRE DE
MUSIQUE: Sans la musique, un état ne peut subsister.

MAÎTRE
à DANSER: Sans la danse, un homme ne saurait rien
faire.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Tous les désordres,
toutes les guerres qu'on voit dans le monde, n'arrivent que pour
n'apprendre pas la musique.

MAÎTRE à DANSER: Tous
les malheurs des hommes, tous les revers funestes dont les histoires
sont remplies, les bévues des politiques, et les manquements
des grands capitaines, tout cela n'est venu que faute de savoir
danser.

MONSIEUR JOURDAIN: Comment cela?

MAÎTRE
DE MUSIQUE: La guerre ne vient-elle pas d'un manque d'union entre les
hommes?

MONSIEUR JOURDAIN: Cela est vrai.

MAÎTRE
DE MUSIQUE: Et si tous les hommes apprenaient la musique, ne
serait-ce pas le moyen de s'accorder ensemble, et de voir dans le
monde la paix universelle?

MONSIEUR JOURDAIN: Vous avez
raison.

MAÎTRE à DANSER: Lorsqu'un homme a commis
un manquement dans sa conduite, soit aux affaires de sa famille, ou
au gouvernement d'un état, ou au commandement d'une armée,
ne dit-on pas toujours: "Un tel a fait un mauvais pas dans une
telle affaire"?

MONSIEUR JOURDAIN: Oui, on dit
cela.

MAÎTRE à DANSER: Et faire un mauvais pas
peut-il procéder d'autre chose que de ne savoir pas
danser?

MONSIEUR JOURDAIN: Cela est vrai, vous avez raison
tous deux.

MAÎTRE à DANSER: C'est pour vous faire
voir l'excellence et l'utilité de la danse et de la
musique.

MONSIEUR JOURDAIN: Je comprends cela à cette
heure.

MAÎTRE DE MUSIQUE: Voulez-vous voir nos deux
affaires?

MONSIEUR JOURDAIN: Oui.

MAÎTRE DE
MUSIQUE: Je vous l'ai déjà dit, c'est un petit essai
que j'ai fait autrefois des diverses passions que peut exprimer la
musique.

MONSIEUR JOURDAIN: Fort bien.

MAÎTRE DE
MUSIQUE: Allons, avancez. Il faut vous figurer qu'ils sont habillés
en bergers.

MONSIEUR JOURDAIN: Pourquoi toujours des bergers?
On ne voit que cela partout.

MAÎTRE à DANSER:
Lorsqu'on a des personnes à faire parler en musique, il faut
bien que, pour la vraisemblance, on donne dans la bergerie. Le chant
a été de tout temps affecté aux bergers; et il
n'est guère naturel en dialogue que des princes ou des
bourgeois chantent leurs passions.

MONSIEUR JOURDAIN: Passe,
passe. Voyons.

DIALOGUE EN MUSIQUE

UNE MUSICIENNE ET
DEUX MUSICIENS

Un cœur, dans l'amoureux empire,
De mille
soins est toujours agité:
On dit qu'avec plaisir on
languit, on soupire;
Mais, quoi qu'on puisse dire,
Il n'est
rien de si doux que notre liberté.

PREMIER MUSICIEN

Il
n'est rien de si doux que les tendres ardeurs
Qui font vivre deux
cours
Dans une même envie.
On ne peut être heureux
sans amoureux désirs:
ôtez l'amour de la vie,
Vous
en ôtez les plaisirs.

SECOND MUSICIEN

Il serait
doux d'entrer sous l'amoureuse loi,
Si l'on trouvait en amour de
la foi;
Mais, hélas! Ô rigueur cruelle!
On ne voit
point de bergère fidèle,
Et ce sexe inconstant, trop
indigne du jour,
Doit faire pour jamais renoncer à
l'amour.

PREMIER MUSICIEN

Aimable
ardeur,

MUSICIENNE

Franchise heureuse,

SECOND
MUSICIEN

Sexe trompeur,

PREMIER MUSICIEN

Que tu
m'es précieuse!

MUSICIENNE

Que tu plais à
mon cœur!

SECOND MUSICIEN

Que tu me fais
d'horreur!

PREMIER MUSICIEN

Ah! quitte pour aimer cette
haine mortelle.

MUSICIENNE

On peut, on peut te
montrer
Une bergère fidèle.

SECOND
MUSICIEN

Hélas! où la
rencontrer?

MUSICIENNE

Pour défendre notre
gloire,
Je te veux offrir mon cœur.

SECOND MUSICIEN

Mais,
bergère, puis-je croire
Qu'il ne sera point
trompeur?

MUSICIENNE

Voyez par expérience
Qui
des deux aimera mieux.

SECOND MUSICIEN

Qui manquera de
constance,
Le puissent perdre les Dieux!

TOUS TROIS

À
des ardeurs si belles
Laissons-nous enflammer:
Ah! qu'il est
doux d'aimer,
Quand deux cours sont fidèles!

MONSIEUR
JOURDAIN: Est-ce tout?

MAÎTRE DE MUSIQUE: Oui.

MONSIEUR
JOURDAIN: Je trouve cela bien troussé, et il y a là
dedans de petits dictons assez jolis.

MAÎTRE à
DANSER: Voici, pour mon affaire, un petit essai des plus beaux
mouvements et des plus belles attitudes dont une danse puisse être
variée.

MONSIEUR JOURDAIN: Sont-ce encore des
bergers?

MAÎTRE à DANSER: C'est ce qu'il vous
plaira. Allons.

Quatre danseurs exécutent tous les
mouvements différents et toutes les sortes de pas que le
Maître à danser leur commande, et cette danse fait le
premier